mardi 23 octobre 2012

Food factor épisode 3 : Trinidad Moruga Scorpion.


Je vous sens frémir.

Vous pouvez.

Si vous pensez à un arachnide à la mortelle piqûre, à un cocktail psychodysleptique hallucinogène ou à une des cibles potentielles de la Mariée dans Kill Bill 3, vous vous fourvoyez.

Pour vous expliquer à quoi se réfère ce nom aux relents d’aventures, je vais dégainer une nouvelle fois mon échelle de Scoville, qui m’a valu une popularité inouïe dans la famille de Hildegarde sur 5 générations.

Le Trinidad Moruga Scorpion est un piment.

LE piment .

Un piment endémique d’une petite région (Moruga) de l’ile de Trinidad & Tobago dont il tire son nom,  classifié depuis Février 2012 comme le plus fort du monde par le « Chile Institute » de l’Université du Nouveau Mexique .

Source = Chile institute - New Mexico State University

La force des piments, sur l’échelle créée par Wilbur Scoville qui mesure leur teneur en capsaïcine*, est basée sur un test organoleptique consistant à diluer successivement une solution de piment pur, jusqu’à ce que la sensation de brûlure disparaisse complètement. Le nombre de dilutions nécessaires représente le nombre d’unité de Scoville (SHU).

Le Moruga Scorpion (avec un score de 2.009.231 SHU sur mon échelle préférée), précède le Trinidad Scorpion Butch (endémique de la même ile – 1.463.700 SHU) , le Naga Viper  (hybride créé dans un laboratoire britannique 1.359.000 SHU ) et le Naga Bhut Jolokia (variété cultivée en Inde et au Bangladesh – 1.001.304 SHU).  Là où, à titre de comparaison, le piment de Cayenne atteint péniblement 50.000 SHU les jours de fête.

A quoi ça sert cette surenchère ? Basiquement à alimenter le Guiness Book of  Records, et à faire vivre des sociétés agro-alimentaires spécialisées dans la production de sauces pouvant égayer vos repas de famille, vos bizutages, et à éventuellement vous apporter une petite célébrité sur Youtube par vos démonstrations d’exhorbitations oculaires, de rivières lacrymales et de vomi.

Alors bien sûr, en réalité le piment ne brûle rien, ni votre bouche ni votre estomac, mais la capsaïcine irrite des cellules appelées épithéliums qui recouvrent les muqueuses des mammifères, créant ainsi la sensation de brûlure qui se traduit par une réelle douleur. Bref c’est le cerveau qui nous fait un canular !



Si vous souhaitez vous aussi vous adonner à ce genre de Jackasseries ou faire une bonne blague à votre grand-mère, vous trouverez ICI une impressionnante collection de sauces à vous échauffer sérieusement le goulot .

(Pour imbiber le slip d’un mari volage, préférez la capsaïcine* pure, utilisée dans les bombes/sprays de défense, très difficile à trouver mais qui a le bon goût d’être incolore)

Sachez enfin, si vous décidez de tester vos limites, qu’avaler des litres d’eau pour calmer le feu ne sert à rien. La capsaïcine est hydrophobe, mais liposoluble. Donc pour apaiser vos incendies corporels il faut  ingérer une substance à base de caséine, elle aussi lipophile, qui va se mettre à la place de la capsaïcine sur les récepteurs. Du lait, de la crème glacée, du fromage blanc et en cas de réel désespoir un verre d’huile  ou mordez la plaque de beurre !

Joyeux appétit.

*Molécule qui active les récepteurs de la chaleur des tissus.

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